bonjour,
j'avais écrit un (pas si) petit mail à Gwen sur ce sujet, que je trouve moi aussi passionnant, je me permet de le poster ici pour participer à la réflexion collective, j'espère lire bientôt vos opinions et le "petit topo" de Gwen.
Salut à toi,
je reviens sur la question de l'intimité, que tu soulevais sur le forum,
j'ai lu aussi ce que tu dis sur la web cam dans les crèches.
ça serait sympa d'en discuter un juor de vive voix mais en attendant je te
livre quelques impressions, en vrac.
Dans le courant pédagogique initié par Célestin Freinet, auquel je me réfère
souvent dans ma pratique professionnelle et même dans mes réflexions
personnelles, il y a des sortes de "règles" ou "invariants" qui sont un peu
les piliers des apprentissages. Parmi ces piliers il y a ce prérequis:
l'enfant doit pouvoir échapper au regard de l'adulte.
Pour moi c'est très important, même si c'est très difficile à mettre en
place dans notre système éducatif. Dans toutes les classes Freinet il y a
des "coins" avec murs d'étagères, rideaux, petites portes, où les enfants
peuvent jouer/travailler/lire/se reposer sans être vus.
Bien sûr cela part d'une idée forte de confiance, et je conçois bien que
c'est un peu antinomique avec l'état actuel des relations parents/ école,
mais il me semble que ça vaut le coup de réfléchir à la question. La plus
grande part des apprentissages se fait en réalité hors de portée de
l'adulte, dans la solitude ou la relation aux pairs, mais il nous est
difficile, en tant qu'enseignants ou encadrants, d'accepter cette perte de
contrôle!
(...ici je coupe le passage sur les webcams en crèche, c'est pas tout à fait le sujet)
Je ne suis pas non plus d'accord avec l'affirmation "avant trois ans la
notion de jardin secret n'existe pas". Un enfant qui peut avoir peur, qui
peut aimer et haïr, qui peut craindre la mort ou être jaloux, faire
confiance, être trahi, souffrir et avoir du plaisir, ne survivrait pas sans
un "jardin secret". Cet espace d'intimité n'existe peutêtre pas à la
naissance, mais à mon sens il apparaît au plus tard au moment où le bébé
prend conscience que sa mère ne fait pas partie de lui, et qu'il commence à
souffrir de son absence, à espérer son retour, à se réjouir de sa présence.
petit à petit, à partir de cette construction de l'altérité, l'enfant
apprend "les autres". Une découverte de cette énormité ne se fait pas de
façon instantanée, et l'enfant à besoin d'être seul, d'être soustrait au
monde, pour se construire à partir de toutes ces nouveautés.
Je m'arrête là je dois déjà t'avoir fichu un sacré mal de crâne!
j'espère que ces quelques idées en vrac participeront à tes réflexions,
à bientôt et bisous à ton adorable poussinette
(j'adore ce smiley...)